Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/266

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exactement par le langage combien et comment on peut s’écarter du juste milieu ; car on n’en peut juger que par le sentiment, et dans les cas particuliers. Mais toujours est-il évident que la disposition moyenne, en vertu de laquelle on s’irrite contre les choses ou les personnes, dans les occasions et de la manière qui convient, et ainsi du reste, est une disposition louable ; et qu’au contraire, on blâme avec raison tout ce qui s’en écarte par excès ou par défaut, et qu’on le blâme plus ou moins à proportion qu’il s’en écarte, en sorte que c’est à cette disposition moyenne qu’il faut surtout s’attacher. En voilà assez sur les dispositions de l’âme qui se rapportent à la colère.

VI. Mais, dans les rapports qui naissent de la vie sociale et des communications que les hommes ont entre eux par le langage et pour leurs affaires, les uns s’attachent à être agréables à tout le monde ; le désir de plaire leur fait tout approuver, éviter toute contestation, regardant comme un devoir de ne faire de la peine à personne ; tandis que d’autres, au contraire, toujours en contradiction avec tout le monde, et se souciant peu d’affliger ou de déplaire, sont querelleurs, d’une humeur chagrine et difficile[1]. Or, il est facile de voir que ces deux manières d’être sont blâmables, et que le caractère qui tient entre elles le juste milieu, qui consiste à se montrer traitable et doux, et pareillement à ma-

  1. Voyez sur le même sujet M. M. l. i, c. 29 ; et Eudem. l. 3, c. 7.