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grave et un langage posé, parce que celui qui ne prend intérêt qu’à très-peu de choses, n’a point cet air de vivacité et d’empressement, et qu’on ne s’emporte pas, quand on ne trouve rien qui ait une véritable grandeur : or ce sont là les causes qui donnent au langage des accents passionnés et une volubilité extraordinaire. Tel est donc celui qui a la véritable grandeur d’âme.

Mais l’homme sans élévation pèche par défaut, et l’insolent par excès. Cependant ils ne sont pas proprement vicieux ; car ils ne sont pas malfaisants : mais ils manquent de connaissance et de discernement. En effet, celui qui manque d’une certaine grandeur d’âme, quoiqu’il ait droit à des avantages réels, se prive lui-même de ce qu’il méritait d’obtenir, et semble être entaché de quelque imperfection, en ce qu’il ne se croit pas digne de jouir de ces avantages, et qu’il s’ignore (en quelque sorte) lui-même ; car (autrement) il désirerait d’obtenir ce dont il est digne, puisque ce sont des biens. Cependant c’est moins de stupidité qu’on pourrait taxer des hommes de ce caractère, que de nonchalance ; mais leur manière de penser les dégrade : car ils désirent à la vérité ce qu’ils croient mériter ; mais ils renoncent aux actions honorables, et aux occupations estimables, comme s’ils en étaient incapables, et s’interdisent pareillement la jouissance des biens extérieurs. Mais les gens vaniteux sont stupides, et font bien voir qu’ils se méconnaissent eux-mêmes ; car ils aspirent à tous les emplois honorables, et leur incapacité est bientôt