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pour des services de peu d’importance : car ce n’est pas là ce qu’il mérite ; et il en sera de même de la privation des honneurs, puisque jamais il ne pourra y être exposé avec justice. On voit donc que c’est principalement dans ces sortes de choses, comme je l’ai dit, que se montre le caractère du magnanime. Toutefois il saura modérer ses désirs pour les richesses, aussi bien que pour la puissance, et il conservera les mêmes sentiments de modération, dans les prospérités et dans les infortunes de toute espèce. Il ne se laissera point emporter à une joie excessive, quand la fortune le favorisera, ni ne s’abandonnera à l’excès de la douleur, quand elle lui deviendra contraire : car ce ne sont pas les honneurs et la considération qui sont à ses yeux les plus grands des biens, quoique ce soit principalement le motif qui fait rechercher la puissance et la richesse, et quoique ceux qui possèdent ces deux sortes d’avantages prétendent surtout être honorés à cause d’eux. Mais celui qui n’attache pas un grand prix aux honneurs, ne sera pas plus ébloui des autres sortes d’avantages ; et voilà pourquoi les hommes magnanimes passent quelquefois pour hautains et dédaigneux.

Cependant il semble qu’une situation prospère contribue à la magnanimité : une naissance illustre, la possession d’un grand pouvoir, ou d’une grande richesse, donnent de la considération ; car c’est une sorte de supériorité, et la supériorité en quelque genre que ce soit est un moyen de considération. De tels avantages inspirent donc de