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comme les tyrans, quand ils pillent des villes, ou qu’ils dépouillent les temples, on ne leur donne pas le nom d’avares, mais plutôt celui de scélérats, d’impies, et de violateurs de tout ce qu’il y a de juste et de sacré. Mais il faut ranger parmi les hommes incapables de tout sentiment libéral, le joueur, le brigand et le voleur ; car ce sont des gens avides de gains honteux, puisque tel est le motif qui les fait agir, et qui leur fait braver l’infamie. Les uns s’exposent aux. plus grands dangers pour satisfaire leur cupidité, et les autres gagnent et s’enrichissent aux dépens, de leurs amis, c’est-à-dire de ceux à qui on doit plutôt faire des dons ; les uns et les autres, en cherchant des profits illicites, sont donc, en effet, avides de gains infâmes ; et de telles manières de se procurer de l’argent sont assurément tout le contraire de la libéralité. C’est donc avec raison qu’on regarde l’avarice et la cupidité comme tout-à-fait contraires à cette vertu ; car elles font plus de mal que la prodigalité, et les hommes y sont plus enclins qu’ils ne le sont à celle-ci. Voilà ce que j’avais à dire de la libéralité, et des vices qui y sont opposés[1].

II. Le sujet qui semble le plus naturellement appeler notre examen par sa liaison avec celui que nous venons de traiter, est celui de la magnificence ; car elle est, en général, regardée comme une des

  1. Voyez entre autres auteurs qui ont traité le même sujet, Theophr. Charact. c. 10, 22, 30 ; Cic. De offic. l. 2, c. 15-24 ; Senec. de Benef. passim.