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de ses ans. Mais tout homme ne désire pas telle ou telle nourriture, ni les mêmes choses. Ainsi, il y a dans le désir quelque chose qui est propre à chacun de nous, et aussi quelque chose qui est naturel et commun à tous les hommes ; car les uns trouvent une chose agréable et les autres une autre, et il y en a pour qui certains objets ont plus d’attrait que tous les autres.

Il n’y a donc guère de gens qui puissent pécher en fait de désirs naturels ; mais il est un point dans lequel on pèche le plus souvent, car manger ou boire ce qu’on trouve, jusqu’à s’en rassasier avec excès, c’est dépasser ce qu’exige le désir naturel, qui n’est que la satisfaction d’un besoin. Aussi donne-t-on le nom de gourmandise ou de voracité à ce penchant qu’ont certaines personnes à se gorger de nourriture au-delà du besoin, et ce ne sont guère que des hommes vils et lâches qui contractent un pareil vice. Mais bien des gens pèchent par l’attrait des plaisirs auxquels ils sont particulièrement sensibles, et de bien des manières diverses : et comme on appelle amateurs de telle ou telle chose ceux qui aiment celles qu’il ne faut pas, ou plus qu’il ne faut, ou à la manière du vulgaire grossier, ou pour ne s’y pas plaire comme il convient ; les intempérants sont sujets à donner dans l’excès de toutes ces manières, puisqu’ils trouvent du plaisir à des choses indignes de plaire, et qui au contraire méritent notre aversion ; ou bien, si ce sont des choses qui ont droit de nous plaire, en les aimant ou les recherchant plus qu’il ne convient, et comme