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par un motif honorable et généreux qu’on supporte la mort, mais seulement pour fuir un mal. Telle est donc l’idée qu’il faut se faire du véritable courage.

VIII. On distingue encore cinq sortes de courage : premièrement, le courage civil, qui ressemble, à beaucoup d’égards, à celui dont on vient de parler ; car les citoyens s’exposent souvent à de grands dangers, pour éviter ou les peines portées par les lois, ou le déshonneur, ou même pour obtenir des distinctions. Et pour cette raison, on doit s’attendre à trouver les hommes les plus courageux chez les peuples où les lâches sont flétris d’infamie, et les braves récompensés par des honneurs. Tels sont les héros qu’Homère nous présente dans ses poëmes, par exemple, Diomède, Hector. « Polydamas, dit celui-ci, sera le premier à blâmer publiquement ma faiblesse »[1] ; et Diomède : Un jour, dit-il, Hector, se vantant au milieu des Troyens, dira : C’est moi qui forçai le fils de Tydée à fuir épouvanté vers ses vaisseaux »[2]. Ce genre de courage se rapproche le plus de celui dont j’ai parlé précédemment, parce qu’il est le produit de la vertu ; car il a pour cause une noble pudeur, le désir de ce qui est honorable et beau, et la crainte du blâme qui est une tache à l’honneur.

  1. Iliade, ch. xii, vs. 100.
  2. Iliade, ch. viii, vs. 148.