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l’excès l’audace dans les dangers, est appelé téméraire, mais il peut quelquefois n’être que fanfaron, et n’avoir qu’une audace feinte. Ainsi il veut paraître dans les dangers ce qu’est réellement l’homme courageux ; il l’imite autant qu’il lui est possible : aussi la plupart de ces gens-là ne sont-ils que des faux braves, qui, tout en cherchant à se montrer intrépides à l’approche des périls, ne savent pas les supporter.

Le lâche est celui en qui domine l’excès de la crainte ; car il redoute ce qu’il ne faut pas craindre, ou autrement qu’il ne faut, et ainsi des autres conditions que nous avons marquées. Il pèche par le défaut d’audace et de confiance. Mais, incapable de se modérer dans l’affliction, c’est alors qu’il se décèle davantage. Le lâche est donc un homme qui conçoit difficilement de bonnes espérances ; car il s’effraie de tout : le brave, au contraire, ne perd jamais cette noble confiance qui tient à la bonne espérance. C’est donc à l’égard des mêmes choses, ou des mêmes circonstances, que se manifeste le caractère du lâche et du téméraire, aussi bien que celui de l’homme courageux ; mais ils se compor-

    cent contre eux en se couvrant de leurs armes. » Et Strabon, (Geograph. l. 7, p. 293) d’après le témoignage d’Éphore, auquel il ne semble pourtant pas trop ajouter foi, dit aussi : « Que les Celtes prennent les armes contre les inondations ; et que, pour s’exercer à braver tous les dangers, ils voient de sang froid submerger leurs habitations. » (Voy. aussi Ælian. Var. Hist. l. 12, c. 23 p. 148 de l’édit. de Mr  Coray).