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volontairement les actions qui y tendent, la vertu doive être volontaire, le vice n’en devra pas moins être aussi volontaire ; car l’homme pervers a pareillement en lui le principe déterminant des actions, supposé que ses facultés naturelles ne lui manifestent pas la fin elle-même.

Si donc les vertus sont volontaires, comme on l’a dit (car nous sommes, jusqu’à un certain point, cause de nos dispositions ou habitudes, et la fin que nous nous proposons est déterminée par l’espèce particulière ou par la nature de ces mêmes habitudes), il s’ensuit nécessairement que les vices aussi sont volontaires, car tout est pareil de part et d’autre.

Nous avons donc traité des vertus en général ; nous avons indiqué sommairement à quel genre elles appartiennent, elles sont un juste milieu entre des extrêmes opposés ; nous avons dit aussi qu’elles sont des habitudes, par suite desquelles nous exécutons les actes qui leur ont donné naissance ; enfin, nous avons fait voir qu’elles dépendent de nous, qu’elles sont volontaires et conformes à ce que prescrit la droite raison. Au reste, les actions ne sont pas volontaires de la même manière que les habitudes : car nous sommes maîtres de nos actions depuis le moment où nous les commençons jusqu’à ce qu’elles soient pleinement accomplies, connaissant en détail tout ce qui les constitue : au lieu que, dans les habitudes, il n’y a que le commencement qui soit en notre pouvoir. À la vérité, nous ne connaissons pas ce qu’y ajoutent les actes