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cause de ses dispositions ou de ses habitudes, et, par conséquent, le sera aussi, à certains égards, de sa manière de voir ou d’envisager les objets. D’ailleurs, si personne n’est la cause du mal qu’il fait, et ne le fait que par ignorance du résultat, et dans la persuasion que ce sera pour lui un moyen d’arriver au bonheur ; si le désir de ce bien n’est nullement en nous l’effet d’un choix libre et indépendant, mais doit, pour ainsi dire, être inné, et nous faire choisir le bien véritable (de même que pour bien juger des objets à la vue, il faut être né avec de bons yeux), en sorte que celui-là sera vraiment le favori de la nature, qui sera né avec des dispositions si heureuses (puisqu’il possédera ainsi, par le seul privilége de sa naissance, ce qu’il y a de plus grand et de plus beau, et qu’il est impossible de recevoir d’un autre, ni d’apprendre par soi-même, mais qu’on ne peut tenir que d’une nature véritablement parfaite) ; si (dis-je) on admet tout cela comme une vérité incontestable, en quoi donc la vertu sera-t-elle plus volontaire que le vice ? Car la fin de toutes les actions se présente à l’homme vertueux aussi bien qu’au scélérat, à l’aide de ses facultés naturelles, ou de quelque manière que ce soit ; et, rapportant tout le reste à ces mêmes facultés, ils agissent d’une manière qui y est analogue. Soit donc que le but ou la fin, quelle qu’elle soit, ne se découvre pas en vertu des facultés naturelles, et qu’il y ait quelque chose qui dépende de l’individu lui-même ; soit que cette fin s’offre naturellement, mais que l’homme de bien, faisant