Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Mais ce qui a été le sujet de la délibération est aussi ce que l’on préfère, à moins que l’objet de la préférence n’eût été déterminé à l’avance. En effet, ce qui est jugé meilleur en vertu d’une mûre délibération, est nécessairement préférable ; et tout homme cesse de s’occuper des moyens d’exécuter une chose, du moment où il s’est déterminé à agir, et où il a ramené le principe de sa détermination à cette partie de son être qui dirige et domine tout le reste ; car c’est elle qui choisit ou préfère. C’est ce qu’on remarque dans les anciennes formes de gouvernement dont Homère nous a retracé l’image ; car, dans ces temps antiques, les rois faisaient annoncer au peuple les résolutions qu’ils avaient prises. Enfin, puisqu’on ne peut préférer et désirer que des choses qui sont en notre pouvoir, et que ce sont aussi les seules dont on puisse délibérer, il s’ensuit que la préférence est un désir réfléchi des choses qui dépendent de nous : car, le jugement étant le résultat de la délibération, notre désir est alors l’effet de la réflexion. Voilà donc ce que j’avais à dire, en général, de la préférence, et des objets auxquels elle se rapporte ; et l’on voit que ce sont ceux qui eux-mêmes se rapportent à des fins déterminées.

IV. Quant à la volonté, j’ai dit qu’elle se rapporte à un but ou à une fin, laquelle, suivant les uns, est le bien, et selon d’autres, au moins ce qui nous paraît tel. Mais il suit de là, pour ceux qui soutiennent que le bien est l’objet de la volonté, que ce qui sera préféré par un homme qui ne