Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toute délibération est une sorte de recherche, et le dernier terme, dans l’ordre de l’analyse, est le premier dans l’ordre de la génération[1]. Si l’on a reconnu l’impossibilité d’atteindre le but proposé, on renonce à l’entreprise (si l’on a besoin d’argent, par exemple, et qu’on ne trouve aucun moyen de s’en procurer) ; mais si la chose semble possible à exécuter, on commence à agir. Or, les choses possibles sont celles qui dépendent de nous ; et même, jusqu’à un certain point, de nos amis, car c’est en nous qu’est le principe. Au reste, on cherche tantôt les instruments ou les moyens, tantôt l’emploi qu’il convient d’en faire ; et, en tout genre de questions, on examine tantôt par quel moyen, ou comment, ou à l’aide de qui [on exécutera un dessein]. C’est donc toujours l’homme, comme je viens de le dire, qui semble être le principe déterminant des actions ; mais la délibération se rapporte aux choses qu’il peut exécuter lui-même, et les actions sont exécutées en vue de quelqu’autre chose. Ainsi, ce n’est pas du but ou de la fin qu’on délibère, mais des moyens d’y atteindre. Ce n’est pas non plus des choses particulières ; par exemple, si ceci est du pain, s’il a été cuit ou fait comme il doit l’être, car c’est aux sens à en juger ; et si l’on entreprenait de délibérer sans cesse, et de tout, cela irait à l’infini.

  1. « Le principe de la méditation, c’est la fin (ou le but qu’on se propose), et le principe de l’action, c’est la fin (ou le dernier résultat)de la méditation. » (Eudem. l. 2, c.11.)