Page:Aristote - Morale, Thurot, 1823.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nons de dire ? Il paraît bien qu’elle est quelque chose de volontaire ; mais tout ce qui est volontaire ne doit pas être préféré. Serait-ce donc quelque chose sur quoi on a délibéré à l’avance ? En effet, la préférence est, accompagnée de raisonnement et de réflexion : et le mot lui-même (προαιρετὸν) semble l’indiquer [par sa valeur étymologique], puisqu’il se dit d’une chose adoptée avant une autre, ou plutôt qu’une autre.

III. Mais délibère-t-on sur toutes sortes de choses, ou y en a-t-il quelques-unes qui ne peuvent pas être un sujet de délibération[1] ? peut-être faut-il ranger dans ce nombre celles sur lesquelles il n’y a qu’un imbécille ou un insensé qui s’avise de délibérer, mais admettre les sujets sur lesquels délibère un homme qui jouit de sa raison. Ainsi, les choses éternelles, comme l’univers, les vérités éternelles, comme l’incommensurabilité du côté et de la diagonale d’un carré, ne peuvent être des sujets de délibération pour personne. Il en faut dire autant des corps assujettis à des mouvements périodiques et réguliers, soit par leur nature, soit en vertu des lois nécessaires de leur existence, ou par toute autre cause, comme cela a lieu pour les levers et les retours [du soleil, c’est-à-dire, les équinoxes et les solstices]. Mettons encore dans cette classe les phénomènes qui se manifestent à des époques irrégulières, comme les sécheresses et les pluies :

  1. M. M. l. i, c. 19 ; Eudem. l. 2, c. 10.