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qualités. Peut-être même n’y a-t-il personne qui affirme que la préférence est la même chose que l’opinion en général, ni qu’aucune opinion en particulier ; car c’est par la préférence que nous donnons au bien ou au mal que nous avons telle ou telle qualité morale, et non par les opinions que nous adoptons. Fuir ou rechercher des objets particuliers, ou agir de telle ou telle manière, est en nous l’effet de la préférence ; au lieu que nous avons une opinion sur ce qu’ils sont, sur leur utilité pour quelque personne, et sur la manière dont ils peuvent être utiles ; mais la détermination qui nous les fait éviter ou rechercher, n’est pas une opinion. On loue la préférence quand l’objet en est convenable, ou quand elle est fondée en raison ; mais on ne loue l’opinion que pour sa conformité avec la vérité. Nous préférons les choses que nous savons, avec certitude, être bonnes ; et nous avons des opinions sur des choses qui ne nous sont pas bien connues. Enfin, ceux qui préfèrent les meilleures choses ne sont pas toujours ceux qui en ont l’opinion la plus exacte ; tandis que ceux qui ont une opinion plus juste, choisissent quelquefois ce qu’ils ne devraient pas préférer, parce qu’ils sont vicieux. Au reste, il importe peu de savoir si l’opinion précède ou suit la préférence (car ce n’est pas là ce que nous examinons en ce moment) ; mais si la préférence est la même chose qu’une certaine opinion.

Qu’est-elle donc ? à quels caractères la reconnaîtra-t-on, si elle n’est rien de tout ce que nous ve-