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plus spécialement la vertu, et ce qui sert, plus que les actions mêmes, à nous faire apprécier les qualités morales. Or, le choix semble être quelque chose de volontaire ; mais ce n’est pas tout-à-fait la même chose que la volonté ; seulement celle-ci y domine. En effet, les animaux et les enfants peuvent avoir des volontés ; mais ils ne sont pas capables de préférence : et nous appelons volontaire une action subite et instantanée ; mais nous ne lui donnons pas le nom de choix ou de détermination réfléchie. Quant à ceux qui appellent de ce nom le désir, ou la colère, un vœu ou un souhait, ou une certaine opinion, il y a lieu de croire qu’ils emploient un langage peu exact. Car la détermination réfléchie n’appartient nullement aux êtres privés de raison, et pourtant ils sont susceptibles d’éprouver des désirs et de la colère ; et l’homme qui n’a aucun empire sur lui-même, n’agit que par l’impulsion de ses désirs, tandis qu’au contraire, le tempérant agit en vertu d’un choix, d’une préférence, et ne se laisse pas entraîner par ses désirs. D’ailleurs, le désir peut être opposé à la préférence, mais non pas au désir : celui-ci ne se rapporte qu’à ce qui est agréable, et est accompagné de quelque peine, tandis que la préférence n’a pas toujours l’agréable pour objet, et n’est pas toujours pénible. On peut encore moins la comparer avec la colère, puisque rien ne ressemble moins à un choix que les actes qui sont l’effet de cette passion.

Quant aux vœux ou aux souhaits, ils ne sont pas