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voyons pas. Il faut donc croire qu’il y a aussi en elle quelque chose de différent de la raison, qui lui est opposé et qui lui résiste ; mais en quoi consiste cette différence ? Cela n’importe en aucune façon.

D’un autre côté, cette partie semble participer à la raison, comme je viens de le dire ; car, dans l’homme sobre et modéré, elle se montre docile ; et peut-être même l’est-elle plus dans l’homme sage et courageux, car chez lui tout est d’accord avec la raison. Ainsi donc, la partie irraisonnable de l’âme est, en quelque sorte, double ou composée de deux autres : la faculté nutritive, qui n’a rien de commun avec la raison ; la faculté concupiscible (s’il le faut ainsi dire), et, en général, siège des désirs, participant, à certains égards, à la raison, en ce sens qu’elle lui est soumise et qu’elle lui obéit ; à peu près comme nous disons que nous avons de la déférence pour un père, pour des amis, et non pas comme nous avons égard aux démonstrations purement scientifiques. Les avis, les reproches, et, en général, les exhortations de tout genre, auxquelles cette partie irraisonnable est pourtant accessible, en sont la preuve. Que si l’on veut qu’elle soit elle-même le siège de la raison, alors ce sera la partie raisonnable qu’il faudra diviser en deux parties : l’une, siège de la raison proprement dite, et en elle-même ; l’autre, capable seulement d’entendre la raison, et de lui obéir, comme un fils à son père.

Cette distinction sert de fondement à une division