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LIVRE IX, (,H. VII, g 6. 395

c'étaient leurs enfants. § !i. C'est là précisément aussi le cas des bienfaiteurs ; la personne qu'ils ont obligée est leur ouvrage, et ils l'aiment plus que l'ouvrage n'aime celui qui l'a fait. La cause en esi bien simple ; c'est que la vie, l'être est pour tout ce qui en jouit quelque chose de pré- férable à tout le reste, quelque chose de profondément cher. Or, nous ne sommes que par l'acte, c'est-à-dire en tant que nous vivons et agissons. Celui qui crée une œuvre, est en quelque sorte par son acte même. Il aime donc son ouvrage parce qu'il aime aussi l'être, et c'est un sentiment fort naturel; car ce qui n'est qu'en puis- sance, l'œuvre le révèle et le met en acte. § 5. Ajoutez en ce qui regarde l'action qu'il y a pour le bienfaiteur quelque chose de noble et de beau, de sorte qu'il en jouit dans l'objet de cette action. Mais en même temps, il n'y a rien de beau pour l'obligé dans ce qui lui rend service ; il n'y a tout au plus que de l'utile, ce qui est beaucoup moins agréable et moins digne d'être aimé, g 6. Dans le présent, c'est l'acte qui nous fait plaisir ; c'est l'espérance pour l'avenir; c'est le souvenir pour le passé. Mais le plus vif plaisir sans contredit, c'est l'acte, l'actuel, qui, bien (entendu, est digne également qu'on l'aime. Ainsi donc, l'œuvre reste pour celui qui l'a faite ; car le beau est durable, tandis que l'utile est bientôt passé pour celui qui a reçu le bienfait. Or, le souvenir des belles choses qu'on

��§ 4. Le cas des bienfaiteurs, lui; vous l'aiuicz en vous ainianl.

L'explication est peut-être un peu § 5. /I/om^cz. Ce nouveau motif est

subtile; mais elle est vraie. La vue encore plus concluant,

ou le souvenir de Toblii^é vous rap- § 6. L'acte, Cactuel. J'ai ajnulé

pelle la bonne action que vous avez le second mot pour éclaircir le pre-

faite, et vous vous applaudissez en niirr.

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