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LIVRE Vil, C,H. XI, § 8. 291^

maux, comme, par exemple, les plaisirs des malades. ^ 8. 11 faut de plus distinguer dans le bien, d'une part l'acte même, le fait même du bien ; et de l'autre, la disposition qui fait qu'on le ressent. Les plaisirs qui nous remettent dans notre état naturel, ne sont des plaisirs qu'indirectement, bien qu'on soutienne que l'acte propre du plaisir consiste dans les désirs que produisent une disposition et une nature à demi-souffrantes. Toutefois, il est des plaisirs dans lesquels la peine et le désir ne sont pour rien ; et. tels sont, par exemple, les actes de pensée contemplative, où notre nature certainement ne souffre d'aucun besoin. La preuve c'est qu'on ne ressent pas le même plaisir, quand la nature se satisfait en s' assouvissant et quand elle est dans son assiette. Ainsi, quand elle a son assiette régulière, les plaisirs que nous éprouvons sont des plaisirs absolument

ensuite. — Les plaisirs des malades. Qui prennent et subissent avec joie les remèdes douloureux qui doivent guérir leurs maux.

§ 8. Il faut de plus distinguer. La distinction, quoiqu'un peu subtile, est juste cependant; et l'on peut en effet séparer le plaisir en soi, de la disposition qui fait qu'on le ressent. Si c'est la satisfaction d'un besoin qui nous le fait goûter, le plaisir n'est pas pur, puisque le besoin implique une idée de douleur, il est vrai que notre nature est remise dans son état normal ; mais si elle doit y rentrer, c'est qu'elle en était sortie. Il y a d'autres plaisirs au contraire qui sont purs ; et ce sont ceux de la pensée, où il n'y a nul mélange de besoin. — Bien qu'on sou- tienne. Cette nuance n'est pas dans le texte ; mais elle me semble indispensable, parce qu'autrement ce passage serait inintelligible et contradictoire. On peut croire qu'Aristote a en vue ici la théorie du Philèbe, p. 352, 390 de la traduction de M. Cousin, ainsi que le remarque M. Zell. Ce passage a beaucoup embarrasse les commentateurs ; la petite correction que je propose le rendrait assez clair ; mais il est vrai qu'elle ne s'appuie sur aucune autorité. —

Ne souffre d'aucun besoin. Peut-être ceci n'est-il pas très-exact ; et la curiosité de l'esprit qui le porte à l'étude et à la contemplation, peut être aussi considérée comme un besoin. C'est la pensée d'Aristote lui-même, à ce qu'il semble au début de