LIVRE IV, CH. IX, § II. 125
ressentent de la honte, rougissent tout-à-coup; comme ceux qui ont peur de la mort pâlissent instantanément. Or, ce sont-là deux phénomènes purement corporels, et ce sont les caractères d'une émotion fugitive bien plutôt que d'une habitude ou qualité.
§ 3. Cette afïection même de la honte ou pudeur ne va pas bien à tous les âges. Elle ne sied guère qu'à la jeu- nesse. Si, dans notre opinion, il est bon que les jeunes cœurs soient très-susceptibles de cette affection, c'est que, vivant à peu près exclusivement de la passion, ils sont exposés à commettre beaucoup de fautes et que la pudeur peut leur en épargner un bon nombre. Nous louons parmi les jeunes gens ceux qui sont timides et honteux. Mais on ne peut louer la timidité dans un vieillard ; car nous ne croyons pas qu'un vieillard puisse jamais faire rien dont il ait à rougir. § !i. La honte n'est jamais le fait d'un cœur tout à fait honnête, puisqu'elle ne se produit qu'à la suite des mauvaises actions, et qu'un homme honnête ne doit pas se laisser aller à en commettre. Peu importe d'ailleurs que les choses soient
��§ 2. D'une émotion fugitive. J'ai § !i. Le fait d'un cœur tout à fait
ajouté ce dernier mot pour que la honnête. C'est du moins un cœur
pensée fàt plus claire. qui a le sentiment de la faute qu'il
§ 3. Ou pudeur. La pudeur est de commet, ou de celle qu'on commet
tous les âges ; mais les émotions si devant lui. — La honte ne ■peut s'ap-
vives qu'elle cause à certaines orga- pliquer. La honte, et non pas la pu-
nisations, n'est possible en effet que deur ; car souvent la pudeur s'alarme
dans la jeunesse. Il n'y a pas de pu- d'actions qui n'ont absolument rien
deur dans l'enfance. — La pudeur de volontaire. — Lt jamais l'homme
peut leur en épargner un bon nombre, honnitc. Répétition de ce qui vient
Observation très-délicate et très-juste, d'être dit un peu plus haut, dans ce
comme celle qui suit sur la vieillesse, même paragraphe.
�� �