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30 MOUALK A NICOMAQUE.

malgré ces exhortations, g 8. Les législateurs vont même jusqu'à punir des actes faits sans connaissance de cause, quand l'individu paraît coupable de l'ignorance où il était. Ainsi, ils portent de doubles peines contre ceux qui com- mettent un délit dans l'ivresse; carie principe de la faute est dans l'individu puisqu'il est maître de ne pas s'enivrer, et que c'est l'ivresse seule qui a été cause de son igno- rance. Des législateurs punissent encore ceux qui ignorent les dispositions de la loi qu'ils doivent connaître, et quand ils pouvaient les connaître sans trop de difficulté, g 9. Ils montrent la même sévérité dans tous les cas où l'igno- rance ne paraît venir que de la négligence, estimant sans doute qu'il ne dépend que de l'individu de n'être pas ignorant , et le supposant maître d'apporter les soins nécessaires à remplir ce devoir. § 10. Peut-être objec- tera-t-on que tel homme est par sa nature tout à fait incapable de prendre ce soin. Mais on peut répondre que ce sont les individus eux-mêmes qui sont cause de cette dégradation, qu'ont -amenée les désordres de leur vie. S'ils sont coupables et s'ils ont perdu la domination d'eux- mêmes, c'est leur faute, les uns en commettant de mau- vaises actions, les autres en passant leur temps dans les débauches de la table et dans des excès honteux. Des actes répétés en quelque genre que ce soit impriment aux

��moindre compte de ces exliorlalions ; on ne l'en punit pas moins. — Ils

elles nous sembleraient aussi ridi- portent de doubles peines. Dans In

cules qu'inutiles. Politique, (livre II, ch. 9, p. 120 de

5 8. Les législateurs... C'est le ma traduction, 2' édition), Arislote

principe que nul n'est censé ignorer attribue cette loi à Pittacus. la loi; et le coupable aurait beau § 10. Les individus eud-mânes.

allcRuer qu'il ne la connaissait pas, Peut-être Aristote ne tient-il pas assez

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