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LIVRE I, CH. III, § 3.

piquons d’être philosophe ; ainsi entre l’amitié et la vérité qui nous sont chères toutes les deux, c’est une obligation sacrée de donner la préférence à la vérité.

§ 2. Ceux qui ont introduit cette opinion n’ont pas fait ni admis d’Idées pour les choses où ils distinguaient un ordre de priorité et de postériorité. C’est même là ce qui les empêchait, pour le dire en passant, de supposer des Idées pour les nombres. Or le bien se dit également et dans la catégorie de la substance, et dans la catégorie de la qualité, et dans celle de la relation. Mais ce qui est en soi, c’est-à-dire la substance, est par sa nature même antérieur à la relation, puisque la relation est comme une superfétation et un accident de l’être ; et il semble qu’on ne saurait établir entre tous ces biens d’Idée commune. § 3. Ajoutons que le bien peut se présenter sous autant d’acceptions diverses que l’être lui-même. Ainsi le bien dans la catégorie de la substance, c’est Dieu et l’intelligence ; dans la catégorie de la qualité, ce sont les vertus ; dans celle de la quantité, c’est la mesure ; dans celle de la relation, c’est l’utile ; dans celle du temps, c’est l’occasion ; et dans celle du lieu, c’est la position régulière. De même pour le reste des catégories. Ainsi évidemment le bien n’est pas une sorte d’universel commun à toutes ; il n’est pas un ; car s’il l’était, on ne le