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LIVRE I, CH. I, § 17.

§ 14. Ce sera dire sur cette matière tout ce qu’il est possible, si on la traite avec toute la clarté qu’elle comporte. Mais il ne faut pas plus exiger une précision égale dans toutes les œuvres de l’esprit, qu’on ne l’exige pour les ouvrages de la main. Or, le bien et le juste, sujets qu’étudie la science politique, donnent lieu à des opinions tellement divergentes et tellement larges, qu’on est allé jusqu’à soutenir que le juste et le bien existent uniquement en vertu de la loi, et n’ont aucun fondement dans la nature. § 15. Si d’ailleurs les biens eux-mêmes peuvent soulever une aussi grande diversité d’opinions et tant d’erreurs, c’est qu’il arrive trop souvent que les hommes n’en retirent que du mal ; et l’on a vu fréquemment des gens périr par leurs richesses, comme d’autres périssaient par leur courage. § 16. Ainsi donc quand on traite un sujet de ce genre et qu’on part de tels principes, il faut savoir se contenter d’une esquisse un peu grossière de la vérité ; et en ne raisonnant que sur des faits généraux et ordinaires, on n’en doit tirer que des conclusions de même ordre et aussi générales. § 17. C’est avec cette indulgente réserve qu’il conviendra d’accueillir tout ce que nous dirons ici. Il est d’un esprit éclairé de ne demander