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liberté sont au-dessus de toute contestation possible. Qui les nie, abdique son litre d’homme, et se ravale, qu’il le sache ou qu’il l’ignore, au-dessous même de la brute ; plus intelligent qu’elle sans doute, mais dépravé, tandis que la brute ne l’est pas.

Les conséquences ne sont point ici moins claires ni moins admirables que les principes. L’homme, en acceptant de sa libre volonté le joug de la loi, s’ennoblit loin de s’abaisser. Par sa soumission volontaire, il s’associe de son plein gré à quelque chose de plus grand que lui ; il se sent rattaché à un ordre de choses qui le dépasse et qui le fortifie. Loin de perdre à l’obéissance, il y gagne une grandeur et une dignité que sans elle il n’a pas. Le monde moral où il entre par cette dépendance éclairée de sa liberté, est le vrai monde où son âme doit vivre, tandis que son corps vit dans un monde tout différent, où la liberté n’^a presque plus rien à faire. C’est une sphère de pureté et de paix, où il n’y a de souillures et de tempêtes que celles qu’il veut bien y laisser pénétrer. Le calme et la lumière n’y dépendent que de lui seul ; et, quand il sait le vouloir, il peut établir dans ce ciel intérieur une inaltérable sérénité. Sa raison de plus en plus soumise devient de plus en plus forte, et le terrain sur lequel elle s’appuie, de