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LIVRE II, CH. I, ^ 10. 243

position à le faire, que le meilleur acte appartient à la meilleure faculté, et que la vertu est la meilleure de toutes les manières d'être, il s'en suit que l'acte de la vertu est ce qu'il y a de meilleur pour l'âme. § 9, D'autre part, comme le bonheur était à nos yeux le bien suprême, nous pouvons conclure que le bonheur est l'acte d'une âme vertueuse. Mais en outre le bonheur était quelque chose de final et de complet ; et comme la vie peut être complète et incomplète, ainsi que la vertu, qui est ou en- tière ou partielle, et comme l'acte des choses incomplètes est incomplet, on doit définir le bonheur l'acte d'une vie complète conforme à la complète vertu.

§ 10. Que nous ayons bien analysé la nature du bon- heur, et que nous en ayons donné la vraie définition, nous en avons pour gages les opinions que chacun de nous s'en fait. Ne confond-on pas sans cesse réussir, bien agir et bien vivre avec être heureux? Et chacune de ces expressions n'indique-t-elle pas un usage et un acte de nos facultés, la vie et la pratique de la vie ? La pra- tique n'implique-t-elle pas toujours l'usage des choses? Le forgeron, par exemple, fait le mors du cheval; et c'est le cavalier qui s'en sert. Ce qui prouve encore l'exac- titude de notre définition, c'est qu'on ne croit pas qu'il suflTise pour être heureux de l'être pendant un jour, ni qu'un enfant puisse être heureux, ni même qu'on le soit

��nettement formulée qu'elle Test ici. § 9. Le bonheur est l'acte d'une

— L'acte de la vertu est ce qu'il y a âme vertueuse. Id. ibid.

de meilleur. Théories toutes pareilles § 10. Nous en avons pour gages.

à celles de la Morale à Nicomaque, Voir la Morale à Nicomaque, livre I,

livre 1, ch. !i, § 14. ^1'- "> S • — Pendant toute sa vie.

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