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en soi. Il est vrai qu’on ajoute au mot de bien le mot,« lui-même », ou « en soi » ; et qu’on dit, le bien en soi, le bien lui-même. Et c’est une addition pour représenter la notion commune. Mais que peut signifier cette addition, si elle ne veut pas dire que le bien en soi est éternel et séparé ? Mais ce qui est blanc pendant plusieurs jours n’est pas plus blanc que ce qui l’est durant un seul jour ; et l’on ne peut pas davantage confondre le bien qui est commun à une multitude de termes, avec l’Idée du bien ; car l’attribut commun appartient à tous les termes sans exception. § 12[1]. En admettant cette théorie, il faudrait du moins démontrer le bien en soi tout autrement qu’on ne l’a démontré de notre temps. C’est en partant de choses dont on ne convient pas du tout qu’elles soient des biens, qu’on démontre des biens sur lesquels tout le monde est d’accord ; et, par exemple, on démontre à l’aide des nombres que la santé et la justice sont des biens. On prend pour cette démonstrations des séries numériques et des nombres, en

  1. Qu’on ne l’a démontré de notre temps. Ceci peut s’adresser personnellement à Platon, ou à ses successeurs. — C’est en partant de choses… Ce genre de démonstration n’est pas du tout celui de Platon ; peut-être doit-on l’attribuer à Speuippe ou à Xénocrate. — À l’aide des nombres. C’était un souvenir et une imitation des anciennes théories de Pythagore. — En supposant gratuitement. J’ai ajouté ce dernier mot que me semble autoriser le contexte.