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cette idée est séparée, comme toutes les autres Idées, des objets qui en participent. § 4[1]. Mais l’examen approfondi de cette opinion appartient à un autre traité qui serait nécessairement beaucoup plus théorique et plus rationnel que celui-ci ; car il n’y a point d’autre science qui fournisse les arguments tout à la fois destructifs et communs pour réfuter les théories. § 5[2]. S’il nous est permis d’exprimer ici très brièvement notre pensée, nous dirons que soutenir qu’il y a une Idée non seulement du bien, mais de tout autre chose, c’est une théorie purement logique et parfaitement creuse. On l’a du reste suffisamment réfutée, et de beaucoup de manières, soit dans les ouvrages Exotériques, soit dans les ouvrages de pure philosophie. § 6[3]. J’ajoute que les Idées en général, et l’Idée du bien en particulier, auraient beau exister tant qu’on le voudrait, elles ne seraient certainement d’aucune utilité ni pour le bonheur, ni pour des actions vertueuses.

  1. Appartient à un autre traité. La Métaphysique ; — Plus rationnel que celui-ci. Qui doit être surtout pratique. — D’autre science. Sous entendu : que la dialectique, Péripatéticienne.
  2. S’il nous est permis. L’auteur prend ici quelques précautions de langage pour exprimer sa critique, qui n’en est pas moins sévère. — Purement logique et parfaitement creuse. C’est le reproche qu’Aristote a toujours fait à la théorie des Idées. — Dans les ouvrages Exotériques. Voir dans la Morale à Nicomaque, livre I, ch. 11, § 9. — Soit de pure philosophie. Ceci désigne la Métaphysique. Cette opposition entre les ouvrages Exotériques et les livres de pure philosophie, semble indiquer positivement que les premiers ne s’adressaient qu’à des lecteurs peu instruits. Voir la Dissertation préliminaire.
  3. Elles ne seraient d’aucune utilité. C’est l’objection encore que leur fait Aristote dans la Morale à Nicomaque, lige I, ch. 3, § 16.