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voir en combien de sens on peut entendre ce mot. Il y a ici trois opinions principales. On dit, par exemple, que le bien suprême, le meilleur de tous les biens, c’est le bien lui-même, le bien en soi ; et au bien en soi, on attribue ces deux conditions, d’être le bien primordial, le premier de tous les biens, et d’être cause par sa présence que les autres choses deviennent aussi des biens. § 2[1]. Telles sont les deux conditions que remplit l’Idée du bien ; et qui sont, je le répète, d’être le premier des biens, et par sa présence, d’être cause que les autres choses soient des biens à différents degrés. C’est d’après l’Idée surtout que le bien en soi, à ce qu’on prétend, doit s’appeler réellement le bien suprême et qu’il est le premier des biens ; car si les autres biens sont appelés des biens, c’est uniquement parce qu’ils ressemblent et participent à cette Idée du bien en soi ; et une fois qu’on a détruit l’Idée dont le reste participe, on a détruit du même coup tout ce qui participe de cette Idée et ne reçoit un nom que de cette participation même. § 3[2]. On ajoute que ce premier bien est aux autres biens, qui le suivent, dans ce rapport que l’idée du bien est le bien lui-même, le bien en soi ; et que

  1. Et je le répète. Le texte est un peu moins précis ; ma traduction l’est davantage, afin d’atténuer ce que la répétition à si courte distance peut avoir de choquant. — À ce qu’on prétend. J’ai ajouté ces mots, qui éclaircissent la pensée, et qui d’ailleurs ressortent du contexte.
  2. On ajoute. Le texte est un peu moins précis. — Est séparée. Aristote a toujours prêté cette théorie à Platon. M. Cousin a montré que ce n’est pas là la vraie théorie Platonicienne. Voir l’ouvrage sur le Vrai, le Beau et le Bien, p. 73, 2e édition.