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d’analogue, est le but de la politique. § 18[1]. Sans doute, la pure connaissance des belles choses est déjà une chose fort belle par elle seule ; mais pour la vertu, le point essentiel et le plus précieux, ce n’est pas d’en connaître la nature ; c’est de savoir d’où elle se forme et comment on la pratique. Nous ne tenons pas seulement à savoir ce que c’est que le courage ; nous tenons surtout à être courageux ; ni ce que c’est que la justice, mais à être juste ; de même que nous tenons à la santé, plus qu’à savoir ce que c’est que la santé ; et à posséder un bon tempérament, plutôt qu’à savoir ce que c’est qu’un tempérament bon et robuste.


CHAPITRE VI.

De la méthode à suivre dans ces recherches. Utilité de la théorie et du raisonnement ; mais il faut les appuyer par des faits et par des exemples. Cette méthode est utile même en politique. — Danger des digressions et des généralités ; il faut tout ensemble critiquer la méthode et les résultats qu’elle donne. — Citation des Analytiques.


§ 1[2]. Nous devons essayer de trouver par la théorie et

  1. Sans doute, la pure connaissance. C’est faire équitablement la part de vérité qui se trouve dans la théorie platonicienne. — Et comment on la pratique. Toute cette fin de chapitre est excellente. On a vu dans toute la Morale à Nicomague, combien de fois Aristote a insisté sur ce point capital.
  2. En partant de ces principes. C’est ce que plus tard l’école Écossaise a nommé les principes du sens commun. — Il suffit que les choses soient vraies. C’est la méthode habituelle d’Aristote de présenter d’abord une idée générale de la chose qu’il discute, et d’entrer ensuite dans des détails plus précis et plus clairs.