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ne dis pas qu’ils soient tous également puissants. Mais qu’importe ? Le spectacle de sa grande âme, et de la foi qu’il confesse en buvant le poison, est le plus invincible des arguments ; et tous ceux de la dialectique la plus habile ne valent pas celui-là. Sans doute, elles sont bien fortes les raisons qui persuadent Criton, Cébès, Simmias, Apollodore, et Phédon, témoin avec eux, et narrateur de ce drame déchirant. Mais l’exemple de Socrate persuade bien mieux encore. La vérité seule peut donner tant de constance. Il est vrai que le plus difficile n’est pas de croire avec Socrate ; ce n’est pas même de mourir avec autant de courage que lui : c’est de vivre comme il a vécu ; et nous devons nous dire qu’on n’a tant de confiance en la justice et la bonté de Dieu, que quand on les mérite par une irréprochable vie. Il n’y a que les cœurs purs qui voient aussi clair ; et le vice, même sans être incurable, a cette triste conséquence qu’en même temps qu’il nous ravit la vertu, il nous prive encore de la vérité. Il obscurcit la vie future, autant qu’il ternit et dégrade celle-ci.

Ainsi, pour Platon la vie à venir apparaît sous les couleurs les plus sereines ; et l’âme du juste peut marcher sans trouble. La vie future est le complément nécessaire de la vie présente. Mais elle n’en