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dedans quantité de beaux poissons coupés en morceaux et de viandes rôties. (Il a l’air de sentir la fumée des mets.) Uhu, uhu, uhu, uhu, uhu, uhu.

CHRÉMYLE.

Flaires-tu quelque scélératesse ?

L’HOMME DE BIEN.

Ma foi, je pense que c’est le froid qu’il sent le plus avec ce beau manteau.

LE SYCOPHANTE.

Ô Jupiter et tous les autres dieux, cela est-il supportable de voir la manière outrageante dont ils me traitent ! Ah ! voilà ce que je souffre, et le désespoir où on me réduit pour avoir été honnête homme et zélé pour ma patrie.

CHRÉMYLE.

Toi, homme de bien et zélé pour ta patrie ?

LE SYCOPHANTE.

Oui, assurément, autant que personne.

CHRÉMYLE.

Mais réponds à ce que je vais te demander.

LE SYCOPHANTE.

Qu’est-ce ?

CHRÉMYLE.

Es-tu laboureur ?

LE SYCOPHANTE.

Me crois-tu assez fou pour cela ?

CHRÉMYLE.

Es-tu donc marchand[1] ?

  1. Les marchands, à Athènes, étaient exempts de toutes les charges publiques, à cause du service qu’ils rendaient à la république, en important le blé nécessaire pour l’approvisionnement du peuple. C’est pour cela que le sycophante déclare qu’il se donne pour marchand quand il s’agit de s’exempter des charges de l’État (BROTTIER.)