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LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Quoi, tu ne veux pas recevoir ceci en témoignage d’hospitalité ?

PLUTUS.

Je le recevrai plutôt chez toi et auprès de ton feu, comme c’est la coutume ; nous éviterons, par ce moyen, la raillerie du public, car il n’est pas dans l’ordre qu’un poète comique jette devant les spectateurs des raisins, des figues, des noisettes et d’autres choses semblables, pour les faire rire.

LA FEMME DE CHRÉMYLE.

Tu as raison ; aussi bien voilà ce Dexinicus qui s’est déjà préparé pour se jeter sur les figues.

LE CHŒUR.

(Lacune.)

CARION.

Qu’il est doux, mes amis, d’être heureux, surtout quand nous n’avons rien eu à dépenser ! Un déluge de biens vient d’inonder notre maison, sans que nous ayons commis la moindre injustice. C’est ainsi qu’il est agréable de s’enrichir. La huche est remplie de farine bien blanche, et les amphores d’un vin rouge et parfumé ; tous nos coffres, ô prodige ! regorgent d’argent et d’or. La citerne est pleine d’huile, les fioles d’essences, le grenier de figues. Vinaigriers, écuelles, marmites, toute la vaisselle est en airain. Nos vieux plats à poisson si usés ne sont plus en bois, mais en argent, et notre ratière est devenue tout à coup d’ivoire. Mes camarades et moi jouons à pair ou impair avec des statères d’or, et nous sommes devenus si raffinés que nous n’employons plus de petites pierres à certain usage, mais des têtes d’ail. Mon maître, avec une