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PLUTUS


CARION, CHRÉMYLE, PLUTUS[1].
CARION, à part.

Par Jupiter et par tous les dieux, c’est un fâcheux métier que de servir un fou ! Si on lui donne de bons conseils, et qu’il n’ait pas dans la tête de les suivre, il faut que l’esclave en souffre. Car, quoique je sois né maître de ce corps, le sort en laisse la disposition, non pas à moi, mais à celui qui m’achète. Eh bien, soit. Mais, que j’ai sujet de me plaindre d’Apollon, avec son beau trépied d’or ! Mon maître ayant été consulter ce dieu, qui est, à ce qu’on dit, fort bon devin et grand médecin, en est revenu beaucoup plus fou qu’il n’était. De sorte que le voilà qui se laisse conduire par un aveugle et fait justement tout le contraire de ce qu’il devrait faire, car il me semble que c’est à nous, qui voyons clair, de conduire les aveugles, et mon maître le suit et me force d’en faire

  1. Plutus, dieu des richesses, était mis au nombre des dieux infernaux, parce que les richesses se tirent du sein de la terre, séjour de ces dieux. On le représentait sous la forme d’un vieillard aveugle, boiteux et ailé, venant à pas lents, mais s’en retournant d’un vol rapide, et tenant une bourse à la main.