Page:Aristophane - Théâtre 1889 tome 2.djvu/303

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

compense des poètes. Je déclare à tous ces gens-là, et je leur déclare mille et mille fois, qu’ils aient à se retirer en silence. Pour vous, faites entendre vos chants et vos hymnes propres à cette fête.

Que chacun, en dansant, s’avance maintenant avec vivacité dans les vallons fleuris du Tartare, et se permette l’épigramme, les bons mots et l’ironie. Nous avons assez montré notre zèle pour la célébration de ces mystères. Mais allez et occupez-vous de faire un pompeux éloge de notre divine protectric0e ; célébrez dans vos chants celle qui déclare hautement qu’elle veillera toujours à la conservation de ce pays, quoi que fasse Thorycion pour s’y opposer.

Honorez à présent, par une autre espèce de cantique, cette reine mère des fruits, la déesse Cérès. Célébrez-la dans vos hymnes saints.

Ô Cérès, toi qui présides aux purs mystères, sois-nous propice et protège ton chœur, et permets que j’aie en tout temps la liberté de me livrer aux jeux, aux danses, et de mêler aux bons mots les sérieux propos ; fais qu’après que j’aurai animé et excité le rire d’une manière digne de ta fête, je sois ceint de la couronne du vainqueur.

Maintenant invoque cette joyeuse divinité, qui ne manque jamais de présider à nos danses.

Ô Iacchus, toi qui le premier nous as inspiré les airs qui retentissent dans cette fête, approche et suis-nous chez la déesse, et prouve que tu viens à bout d’une longue route sans te fatiguer.

Ô dieu passionné pour la danse, sois des nôtres ; tu as voulu, pour faire rire et par économie[1], qu’on déchirât

  1. On voit là un trait contre les chorèges, qui avaient monté cette pièce avec économie.