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222 THEATRE D'ARISTOPHANE.

compris sur-le-champ ce que cela voulait dire. Je me glisse donc du lit : « Oii vas-tu, me dit mon mari? Où? j lui répliquai-je. Je souffre horriblement : j'ai la colique. \ Je me lève pour sortir. — Va, » me dit-il, et là-dessus il se ij met à écraser dans ses mains des fruits de cèdre, de l'anis | et de la sauge. Pour moi, j'ai graissé les gonds, et me suis | réunie h mon galant, qui a fait de moi ce qu'il a voulu en | me penchant sur l'autel d'Apollon, où je tenais fortement | un laurier. Or, remarquez ceci, jamais Euripide ne nous a | reproché de pareilles choses, ni toutes les complaisances 1 que nous avons pour des esclaves et pour des muletiers, à 1 défaut d'autres ; ni notre méthode de manger de l'ail pour écarter nos maris, qui, en revenant de monter la garde, pourraient s'apercevoir du libertinage auquel nous nous serions livrées toute la nuit avec un autre homme. Vous le voyez, voilà ce qu'il n'a jamais dit. S'il maltraite Phèdre, hé t que nous importe? A-t-il jamais révélé l'as- tuce de telle femme qui fait admirer à son mari la beauté d'un manteau étendu au soleil, pour faciliter l'évasion de son amant. Non, il n'a pas dit mot de cela. J'ai connu moi-même une autre femme qui fit accroire qu'elle était dans les douleurs de l'enfantement pendant dix jours de suite, jusqu'à ce qu'elle se fut procuré un enfant. Son mari courait par la ville, achetant des drogues pour hâter l'ac- couchement. Sur ces entrefaites, une vieille apporte, dans une marmite, un enfant qui avait la bouche pleine de miel pour qu'il ne criât pas; la vieille fait un signe; la femme de s'écrier aussitôt : t Va-t'en, va-t'en, mon mari : je sens que j'accouche » (car le petit enfant donnait du pied dans le fond de la marmite) ; le mari se retire : on ôte bien vite le miel qui était dans la bouche de l'enfant : il crie aussi- tôt; la vieille scélérate qui avait apporté cet enfant court

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