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Nicias et Démosthène, cernés par Gylippe sur les bords de l’Asinarus, avaient été contraints de mettre bas les armes, puis lapidés par les Syracusains; quant aux soldats qui avaient échappé à la fatigue, aux combats et à la peste, ils avaient été condamnés aux travaux des mines et des carrières, ou vendus comme esclaves. Athènes, abandonnée de ses alliés, était à bout de ressources. Le moment semblait donc plus que jamais opportun à Aristophane de terminer une guerre qui durait depuis plus de vingt ans.

Lysistrata, femme d’un des principaux citoyens d’Athènes, convoque et soulève toutes les femmes de la Grèce pour qu’elles forcent leurs maris à mettre bas les armes. Elles jurent de leur retirer tous leurs droits conjugaux et de les priver de toute caresse, tant qu’ils n’auront pas signé la paix ; puis elles s’emparent par surprise de la citadelle où est renfermé l’argent, le nerf de la guerre. C’est en vain que les vieillards (les hommes valides étant devant l’ennemi), arrivent munis de fascines et de torches, pour les forcer à en partir. Elles restent maîtresses de la place, grâce à d’autres femmes qui, demeurées dans la ville, viennent à leur secours et éteignent l’incendie. Après de singulières péripéties et des jeux de scène trop cyniques pour pouvoir être analysés, les ambassadeurs de Sparte viennent parler de paix. Lysistrata, au milieu des Lacédémoniens et des Athéniens, qui sont obligés de recourir à elle comme à l’arbitre souveraine, expose les griefs réciproques. Puis elle rappelle aux Spartiates les services qu’ils ont reçus d’Athènes, surtout lorsque Cimon est allé les secourir dans leur guerre contre les Messéniens ; elle fait souvenir également les Athéniens des bons offices qu’ils ont reçus de Lacédémone. Puis elle engage les uns et les autres à la concorde : tous y consentent, et la pièce se termine par un festin, par des chants et des danses animées.

On a beaucoup discuté au sujet de la date de cette comédie. Les renseignements fournis par les scoliastes ne sont pas aussi complets que pour d’autres pièces ; il a fallu étudier de près certains passages dans lesquels le poète, suivant son habitude, fait allusion à des événements contemporains. C’est