Page:Aristophane, trad. Talbot, 1897, tome 1.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nous s’en vont chez l’arkhonte, les autres chez les Onze, d’autres à l’Odéôn : quelques-uns serrés contre les murs, la tête baissée vers la terre, remuent à peine, comme les chenilles dans leurs alvéoles. Pour le reste de la vie nous abondons en ressources. En piquant un chacun, nous nous procurons de quoi vivre. Mais nous avons parmi nous des frelons inactifs, dépourvus d’aiguillon, et qui, séjournant à l’intérieur du logis, dévorent notre travail, sans se donner aucune peine. C’est pour nous une chose des plus douloureuses qu’un être qui se dispense du service, nous ravisse notre salaire, lui qui, pour la défense de ce pays, ne prend ni rame, ni lance, ni ampoule. Il me semble, en un mot, que ceux des citoyens qui n’auront pas d’aiguillon, ne doivent pas toucher le triobole.




PHILOKLÉÔN.

Jamais de la vie je ne quitterai plus ce manteau, qui seul me sauva dans la bataille où le puissant Boréas nous fit la guerre.

BDÉLYKLÉÔN.

Tu sembles n’avoir aucun souci de ton bien.

PHILOKLÉÔN.

De par Zeus ! je me passe aisément des choses de luxe. Dernièrement je me régalais d’une friture, et je payai un triobole dû au dégraisseur.

BDÉLYKLÉÔN.

Fais du moins l’épreuve, puisque, une bonne fois, tu t’es livré à moi pour bien vivre.