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le marquis, s’il était venu dîner ; mais comme il l’avait dans sa poche, il ne put résister à la démangeaison de la lire aux autres convives. On rit beaucoup. Le colonel Quintus était de ce dîner. À peine fut-on sorti de table, qu’il court chez le marquis en riant encore. Ah ! lui dit-il quel dommage que vous ne soyez pas venu dîner chez le roi ! il nous a lu une pièce de vers sur la paresse, où vous étiez arrangé de la belle manière. Ah ! comme nous avons ri ! Le marquis qui ne prenait aucun plaisir à ce récit, regarde Quintus avec colère, et lui dit : Parbleu, Monsieur il faut avouer que vous avez bien peu d’esprit et de jugement ! Vous pouvez être un grand savantasse, mais assurément vous ne savez point vivre. Quintus se retira et, voilà le marquis furieux, qui prend une plume et écrit au roi pour lui demander son congé. La lettre était finie, lorsque Catt entre. C’en est fait, lui dit-il, je pars pour la Provence ; et il lui raconta l’aventure. Ce n’est que cela ? lui dit Catt. Et si je vous donnais un moyen pour parer le trait de cette plaisanterie ? Ah ! oui, voyons. — Rendez-vous, chez le roi à l’heure dite ; il ne manquera pas de vous dire qu’il a reçu de Paris une pièce de vers toute nouvelle.