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Il y a pourtant de grands hommes en Allemagne. Vous avez lu le traité de Jure belli et pacis, de Gratius[1] ; ouvrage utile aux princes et aux peuples : le Droit de la Nature et des Gens, par le baron de Pufendorff, qui était allemand, ne lui est pas inférieur, et on estime avec raison son Introduction à l’Histoire Universelle. Ces deux ouvrages n’ont rien de l’horrible chaos des livres des savans en us.

La poésie n’est pas faite pour les Allemands ; Pegase seul peut les inspirer ; les muses fuient une langue aussi dure. Charles-Quint disait que, s’il voulait parler à Dieu, ce serait en espagnol, à sa maîtresse en italien, à ses amis en français à ses, chevaux en allemand. Leurs comédies et leurs tragédies sont si mauvaises, qu’ils ne se donnent pas la peine de les voir représenter. Il y a des troupes françaises dans toutes les cours d’Allemagne.

Les beaux arts sont chéris et cultivés dans ce pays ; et, quoiqu’il n’y ait pas de peintres ni de sculpteurs d’une grande réputation, les étrangers qui excellent y sont parfaitement reçus.

  1. Grotius est né en Hollande, mais a écrit cet Ouvrage en Allemagne.