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Massimiani se chargea de lui en écrire. Le négociant, qui avait mille obligations à ce seigneur, dont il ne pouvait pénétrer la cause, n’hésita pas un moment à consentir à ce qu’il voulait. Le seul éloignement de son fils dont on ne lui avait pas appris le retour, semblait rendre ce consentement inutile ; mais quelle fut sa joie, lorsqu’il le vit arriver chez lui dans le temps qu’il s’y attendait le moins, et qu’il apprit qu’il devait sa liberté à sa maîtresse ! Angelina resta encore quelque temps à l’opéra après son mariage : elle entra ensuite dans les concerts du cardinal Ottoboni ; et, ayant, par sa conduite, gagné de quoi rétablir entièrement les affaires de son beau-père, elle se retira avec lui.

Cette histoire a quelque chose de si sage et de si vertueux, que vous penserez qu’il est imposible d’en tirer un juste préjugé pour les mœurs des autres comédiennes italiennes ; j’en conviendrai avec vous mais examinez-les toutes, et vous ne verrez jamais dans leur conduite des déréglemens outrés. Vous avez connu la Cossoni à Londres ; elle avait un amant pourrait-on se récrier là-dessus sans une espèce de pédantisme ou