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elle ; il songeait à gagner du temps tant qu’il pouvait. Enfin fatigué de ses importunités, il eut recours à un stratagème des plus comiques.

Il avait un homme d’affaires, qui demeurait dans une de ses terres auprès de Toulouse. Il lui proposa de s’habiller en prêtre et de le marier avec sa maîtresse dans la chapelle du château. Le domestique consentit à tout ce que voulut son maître. Le baron, charmé de l’expédient, qu’il avait trouvé pour jouir en paix de sa maltresse, lui dit qu’il était résolu à l’épouser, mais qu’il fallait, par les égards, qu’il devait à sa famille, que ce mariage fût ignoré. Il ajouta qu’il avait gagné un prêtre, qui les épouserait dans une de ses terres.

La Gaumini, au comble de la joie, voulut partir sur-le-champ. Il n’y avait que deux lieues de Toulouse au château du baron. Ils y arrivèrent à l’entrée de la nuit. L’homme d’affaires s’était déjà masqué. Les amans passèrent dans la chapelle et reçurent la bénédiction nuptiale du prêtre, après quoi ils retournèrent à Toulouse.

La Gaumini resta un an dans la bonne foi. Mais le baron étant venu à se dégoûter, lui apprit l’état et le nom de celui qui les avoit mariés. Cette nouvelle la rendit furieuse. Elle