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velle maîtresse, lui offrit de l’épouser. Elle y consentit d’autant plus aisément, que son amant quitta l’opéra dans ce temps-là pour aller à Lyon. Le mariage fut conclu aussitôt que proposé.

La Campoursi, c’est ainsi que je l’appellerai dorénavant, n’avait pas fait choix par goût de son époux ; aussi, dès le troisième jour de ses noces, elle lui donna pour collègue le comte de Vintimille.

Pendant un temps, elle se contenta d’un seul amant ; mais, Vintimille ayant été obligé d’aller pour quelques mois dans ses terres, le duc de Popoli passa, malheureusement pour lui, à Marseille ; il vit la Campoursi à l’opéra, elle lui plut ; les premières propositions se firent par une coiffeuse, et le marché fut conclu à vingt-cinq louis. Le duc soupa dès le soir même avec elle ; il fût si content de sa bonne fortune, qu’il ajouta vingt louis à ceux qu’il avait promis. Il lui fit présent d’un cachet d’or qu’il lui envoya le lendemain ; et la Campoursi, dans quinze jours de temps, ̃tira bien de son nouvel amant deux cents pistoles, ou en argent, ou en bijoux. Le duc étant parti pour l’Italie peu de jours après, l’opéra vint à Aix. La Campoursi y fit un nou-