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Dans l’idée que vous vous êtes faite, vous croyez sans doute que tous les peintres d’Italie étaient des Raphaël, ou du moins que le moindre surpassait de beaucoup nos Français ; il est vrai qu’ils sont éloignés de la perfection de ceux qui sont morts, mais ils sont au-dessus de ceux qui vivent.

Rigaud et l’Argilière n’ont eu pour le portrait que le Titien qu’on puisse leur opposer. Le Carie Maratte, dans ses derniers temps, en a peint quelques-uns : on voit qu’ils sortent d’une habile main ; cependant ils n’effacent pas les nôtres, et on peut donner la préférence à ceux de Rigaud et de l’Argilière, sans craindre de passer pour injuste ou pour prévenu en faveur de sa patrie. Nous avons autant d’avantage pour l’histoire que pour le portrait ; le Moine, Case, Vanlo, sont au-dessus des peintres qui se trouvent aujourd’hui en Italie.

Vous me demanderez sans doute quelle est la raison de ces changemens, et comment ces fameuses écoles de Rome, de Boulogne, de Venise, ont pu cesser tout à coup. Je vous répondrai qu’il en est des grands hommes qui excellent dans les arts comme de ces feux aériens, qui ne paraissent que dans certaines