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J’étais nommé pour aller au fourrage ; le détachement que je devais commander était en bataille depuis long-temps à la tête du camp ; je voulus piquer mon cheval pour le joindre plus tôt ; c’était dans un chemin glissant : il s’abattit sous moi, et me culbuta. L’effort que je fis me causa une incommodité qui m’empêcha de pouvoir monter à cheval davantage. Je fus obligé d’aller à Spire, et, n’y trouvant point de logement, je retournai à Philisbourg, chez le chevalier de Clairac. L’armée ayant repassé le Rhin, elle fila du côté de Strasbourg. Ma maladie m’obligea d’y demeurer près d’un mois dans le lit. La seule consolation que j’eus était d’avoir de temps en temps des nouvelles de Sylvie ; mais je me vis encore dans l’impossibilité de l’aller joindre.

Ma santé s’étant un peu rétablie, j’allai à Paris pour savoir si je ne pourrais pas me faire guérir entièrement. Les médecins me dirent que j’étais trop âgé pour pouvoir l’espérer. Ne pouvant plus monter à cheval, ni faire aucun exercice violent, je résolus de quitter le service.

J’écrivis à mes parens qu’ayant trente ans, je croyais que c’était là l’âge où il convenait