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chemin. Dès qu’elle fut au couvent d’Olioules, elle comprit que, n’ayant affaire qu’à un nombre de femmelettes, elle serait moins contrainte dans la vraisemblance. Aussi est-ce là que se sont faits ses plus grands miracles qui, par la suite, ont été attribués comme sortilèges au jésuite.

Cependant les merveilles que la Cadière opérait dans ce couvent, faisaient un si grand bruit, que l’évêque crut devoir les examiner. Il alla à Olioules, et y mena le père Girard. Ce jésuite se fût passé volontiers de ce voyage. Quoiqu’il fût encore en commerce de lettres avec sa pénitente, il cherchait un prétexte pour finir entièrement ; mais il n’osait le faire avec éclat. L’évêque en examinant ce que lui dirent les religieuses, vint à ouvrir les yeux. Le bandeau tomba : il dissimula pourtant, pour éviter le scandale.

La Cadière ne tarda pas à s’apercevoir que son crédit n’était plus le même auprès de lui. Il y avait déjà long-temps qu’elle sentait que le jésuite était fâché qu’elle l’eût engagé si avant. Piquée contre lui, elle retourna à Toulon et choisit un autre directeur. Elle s’adressa à un carme, fameux janséniste, zélé pour le parti, et qui s’était maintes fois