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pénitente ; mais en vérité quand on veut examiner les choses de sang-froid, on trouve sa justification dans ce où ses ennemis ont voulu trouver sa perte.

Il n’y a qu’à lire la déposition de la Cadière ; elle dit que son confesseur étant entré dans sa chambre avec elle, en ferma la porte, et qu’il lui dit de se déshabiller ; que lui, pendant ce temps-là, s’écarta dans un coin de la chambre, où il tourna le dos, et qu’ensuite ayant tiré son mouchoir de sa poche, il l’appliqua sur son sein pour ne pas voir la gorge découverte, en considérant la plaie qu’elle avait sur le sein. La servante, qui était curieuse de savoir ce que sa maîtresse faisait enfermée dans sa chambre, et qui l’examinait par le trou de la serrure, rapporte la même chose. L’affaire se passait dans un temps où l’on prétend que depuis long-temps le jésuite couchait avec elle. Je demande s’il peut tomber sous le sens de quelqu’un qui ne veut pas se refuser aux notions les plus claires, qu’un homme, qui a eu d’une femme les dernières faveurs, prenne de pareilles précautions ? et à quel homme encore les fait-on prendre ? à un homme à qui on attribue le sortilège, l’avortemént, et les horreurs les plus abominables,