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témoins, qui dirent ce qu’on voulut. On avertit ensuite le comte de Vintimille, que, s’il ne quittait pas sa maîtresse, on la ferait arrêter. Il était fort amoureux ; il trouva le moyen de la conserver malgré toutes ces poursuites : il la mit dans les chœurs de l’Opéra, et, dès ce moment, on ne put plus rien lui dire. Madame de Vintimille voyant qu’il n’y avait plus rien à faire de ce côté-là, fit donner un ordre à son fils de se retirer dans ses terres : j’arrivai dans ce temps-là.

Je connaissais Chichote ayant mon départ ; je fus surpris de la voir à l’Opéra ; elle me raconta elle-même les raisons qui l’avaient obligée d’y entrer : elle ajouta qu’elle était si lasse des tracasseries qu’elle essuyait pour le comte, qu’elle était résolue de le quitter. J’avais toujours eu sur le cœur le tour que Vintimille m’avait joué auprès de la Catalane ; je pensai que c’était là une occasion de lui rendre la pareille : je m’offris à sa place ; Chichote crut d’abord que je badinais ; je l’assurai que je pensais très-sérieusement ce que je lui disais. Le chevalier de Bonneval, qui se trouvait présent à notre conversation, acheva de la persuader ; Je soupai chez elle avec lui ; il fit le contrat de nos noces qui fut que je paierais