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à l’académie ; ce qui lui donnait encore annuellement huit cents francs.

Ces générosités, de la part de Frédéric, firent changer bientôt de résolution au marquis il se fixa à Berlin ; il cultiva les lettres et l’amitié du grand prince qui savait si bien traiter ceux qui en font leur occupation ; il était des soupers et de la société habituelle du roi.

Dans les commencemens, Algaroti, Voltaire, Maupertuis, étaient auprès de Frédéric les premiers en faveur. Le caractère enjoué, aimable, et l’instruction du premier, plaisaient sur-tout au Prince, Voltaire le captivait par le brillant de sa conversation, par ses saillies et ses grands talens ; Maupertuis était en possession de traiter les matières savantes et les sciences ; c’était en quelque sorte le ministre de cette partie ; il dirigeait l’académie et faisait connaître au roi les bons ouvrages qui paraissaient dans chaque genre d’érudition et de sciences. Le marquis d’Argens n’avait point autant que ces trois hommes les qualités qui les faisaient rechercher ; mais sa bonhomie, son honnêteté, ses connaissances, le firent aimer ; et bientôt le roi le préféra lorsque les divisions et les tracasseries eurent jeté le trouble entre les membres de cette société. Le