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société ; il aimait infiniment le plaisir. Le hasard lui avait procuré la connaissance d’un juif nommé Moïse ; ils étaient venus à parler des femmes du pays. Le juif s’était offert, pour une légère récompense, de lui faire voir deux filles juives ou turques, entre lesquelles il pourrait choisir ; et Cougoulin avait accepté le parti pour lui et pour deux de ses amis ; il savait bien que nous ne le démentirions pas.

Il fut résolu que nous irions le lendemain à une lieue de la ville dans un jardin qui appartenait à Moïse, et qu’il nous y ferait venir deux juives et deux turques. Pour faire la partie égale, nous menâmes avec nous un jeune garde-marine, appelé Virville, fils du commandant du château de Dijon. Nous partîmes de chez le consul sur les six heures du matin, sous le prétexte d’aller visiter des ruines antiques, qui sont autour de Tunis. À la porte de la ville, nous trouvâmes des chevaux que notre Mercure avait eu soin de nous faire préparer. En moins d’une heure nous arrivâmes à la maison de campagne.

Nos princesses n’y étaient point encore, et pour dissiper l’ennui que nous causait leur absence, nous nous mimes à déjeûner