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retourna chez le consul, où il dina, et l’après-dîner il se rembarqua pour retourner à nos vaisseaux.

Mes malheurs et l’amour semblaient vouloir me donner le temps de respirer. Je sentais renaître au fond de mon cœur cette liberté après laquelle j’avais fort soupiré ; l’image de Sylvie se présentait quelquefois à mon esprit, mais je tâchais de l’en éloigner. J’avais repris une partie de ma gaîté, et, malgré les maux que l’amour m’avait causés ; je ne pouvais haïr les femmes ; cette passion, qui m’avait déjà fait essuyer tant de peines, pensa me coûter cher à Alger.

L’abbé de Biron[1], fils du duc de Biron,

  1. Charles-Armand de Biron, duc et maréchal de France, mort en 1756, est celui dont il s’agit ici. Il était père de Louis-Antoine de Gontaut, duc de Biron, maréchal de France, et colonel du régiment des Gardes-Françaises qui naquit en 1701 et mourut en 1788. Celui-ci ne laissa point d’enfans de son mariage avec Pauline-Françoise de la Rochefoucault de Roye : Il fut un des seigneurs de la cour de Louis XV, les plus distingués par sa conduite et son mérite. Il introduisit une excellente discipline dans le régiment confié à ses soins, pourvut à l’éducation des enfans destinés à y entrer, et fonda un hôpital pour les soldats malades. Autant les Gardes-Françaises se faisaient haïr et craindre