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m’attendais pas à une réprimande aussi modeste. Quoique je sente qu’il avait le cœur fort bon, comme je ne suis pas celui de ses enfans qu’il a le plus aimé, je ne pensais pas en être quitte à si bon marché. À ce qu’il me disait, je n’avais rien à répondre ; aussi ne parlai-je point. Le marquis de Chateaurenard qui se trouvait présent à ce raccommodement, changea de discours ; il ne fut plus question de rien. Trois ou quatre jours après, nous mîmes à la voile pour Alger, où nous devions passer avant d’aller à Constantinople, l’ambassadeur ayant été chargé de négociations particulières pour les deys d’Alger, Tunis et Tripoli[1].

  1. Il faut distinguer dans le langage des Turcs, les beys des deys. Dey est le titre du prince souverain d’un des états barbaresques, sous la protection du Grand Seigneur. Jusqu’au commencement du dix-septième siècle, le royaume d’Alger a été gouverné, par un pacha, au nom du Grand-Seigneur ; mais a cette époque, la milice turque, mécontente de cette espèce de gouvernement, obtint de la Porte le droit d’élire parmi les troupes, un homme capable de le gouverner sous le nom de dey. Cet ordre de choses dura jusqu’en 1710, qu’Aly-Bacba ayant fait des représentations à la Porte, sur la mésintelligence qui régnait entre les deys et les pachas, obtint que les premiers seraient revêtus de la dignité de pacha.