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que Sylvie faisait courir ces bruits pour faire croire qu’elle ne pensait plus à moi, lorsqu’on me manda qu’elle était mariée. J’eus beau lui écrire ; je n’en reçus plus aucune nouvelle. Je m’adressai à mon commissaire de l’inquisition ; il me marqua qu’il était vrai qu’elle avait épousé un nommé Larcher, et que c’était madame de Pedrajas qui avait fait ce mariage. Je crus pour lors que Sylvie avait tenu une conduite indigne d’une femme d’honneur : et qui ne l’aurait pas cru comme moi ? il n’en était rien, comme je l’ai appris dans la suite.

Cependant piqué au vif contre elle, je résolus de l’oublier et de finir mon esclavage qui durait depuis six mois. Je m’adressai à M. d’Andresel, qui venait d’être nommé ambassadeur à la Porte. Je lui proposai de l’accompagner ; il l’accepta avec plaisir. Il écrivit à ma famille, et moi de mon côté je m’adressai au marquis de Chateaurenard, pour parler à mon père, qui était son ami depuis longtemps, et qui avait beaucoup de confiance en lui ; je lui avais en mon particulier des obligations, qui seront éternellement gravées dans mon cœur ; il m’avait soutenu contre les premiers mouvemens de ma famille, et il l’avait